La catégorie des contraceptions dites naturelles (basées sur l’observation de la physiologie humaine et qui n’impliquent aucun dispositif intra ou extra génital), regroupe plusieurs méthodes souvent présentées sans distinction ou même confondues entre elles, alors qu’elles ont un risque de grossesse non planifiée très différent les unes des autres. Aussi il est important de se rappeler la distinction entre l’efficacité des méthodes “en usage parfait” et en “usage courant” (incluant des erreurs et oublis). Les informations ci-dessous s’appuient sur les études scientifiques en contraception faisant autorité en 2025 :
- La méthode du calendrier (ou méthode Ogino-Knaus) : cette méthode désuète consiste à prévoir la période de fertilité possible à partir de calculs de probabilité basés sur les longueurs des cycles menstruels précédents. On calcule le début de la fertilité probable en soustrayant 16 jours de la longueur du cycle le plus court et la fin, en soustrayant 10 du cycle le plus long. Le risque de grossesse non planifiée est de 15%1 en usage courant. Des erreurs de calcul et la possibilité d’un cycle à venir encore plus court ou plus long sont en cause. De plus, étant donné que le calcul prévoit une période de fertilité très longue, il n’est pas surprenant que des utilisateur.rices transgressent les règles d’utilisation. Bien que cette méthode soit désuète et peu efficace, elle est la base de l’algorithme de plusieurs appareils électroniques et applications mobiles proposant la prédiction de la fertilité à partir des longueurs de cycles.
- Le coït interrompu (ou méthode du retrait) : classifié par certains comme contraception naturelle, le coït interrompu consiste à retirer le pénis du vagin avant l’éjaculation pour éviter le contact entre le sperme et les organes reproducteurs. En usage parfait, le risque de grossesse non planifiée a été estimé à 4%1, mais, à cause de la présence potentielle de spermatozoïdes dans le liquide pré-éjaculatoire, d’une possible éjaculation proche de la vulve, ainsi que des erreurs humaines liées au moment du retrait, ce risque est plus proche de 20%1 en usage courant.
- La méthode des températures (sans les autres signes hormonaux) : cette méthode désuète fréquemment utilisée par les générations précédentes consistait à prendre la température corporelle tous les matins, afin d’identifier la période d’infertilité post-ovulatoire marquée par une hausse de la température basale. En usage parfait, le risque de grossesse non planifiée était de 1,2/100 années-femme2 *. Pour les personnes qui ajoutaient une phase d’infertilité pré-ovulatoire avec le calcul de la méthode Ogino vu précédemment, ce risque passait à 5/100 années-femme2 *. Puisque l’efficacité reposait uniquement sur la température basale qui peut être perturbée par des dérangements tels que la consommation d’alcool, les fortes émotions, la prise de médicaments, la fatigue ou la maladie, le risque de grossesse en usage courant était de 6 à 19/100 années-femme2*.
- La méthode de la glaire cervicale (ou méthode Billings) : cette méthode repose sur l’observation des variations de l’apparence et de la sensation de la glaire cervicale au cours du cycle menstruel. Ces variations révèlent l’évolution des oestrogènes et de la progestérone au cours du cycle menstruel. La période entourant l’ovulation est repérée grâce aux caractéristiques de la glaire cervicale. En usage parfait, le risque de grossesse non planifiée est de 3%1, mais, puisqu’il peut y avoir plusieurs tentatives d’ovulation au cours d’un même cycle avec des progressions et des régressions de la présence de glaire à la vulve, ou que les personnes peuvent avoir de la difficulté à identifier le début de l’apparition de la glaire alors que les spermatozoïdes peuvent survivre 6 jours dans la glaire, ce risque est de 23%1 en usage courant.
- La méthode symptothermique (ou symptothermie) : cette méthode combine les informations données par la température basale, la glaire cervicale et les caractéristiques du col de l’utérus décelées par l’auto-palpation dans un graphique symptothermique. Ce sont des signes dont les variations dans le cycle menstruel révèlent celles des oestrogènes et de la progestérone, hormones qui président à la fertilité. Cette méthode permet, grâce à des calculs théoriques et des règles bien précises, de déterminer la période de fertilité probable au cours de laquelle les rapports sexuels pénétratifs seront strictement évités. Si la méthode est bien comprise et bien utilisée, le risque de grossesse non planifiée est de 0,4%1,6 en usage parfait mais, puisqu’il peut subsister des erreurs dans l’utilisation ou l’interprétation des graphiques, ce risque est de 2%1 en usage courant. Les personnes qui apprennent la méthode symptothermique en autodidactes, plutôt qu’avec des enseignant.e.s accrédité.e.s par des organismes reconnus, sont plus à risque de faire des erreurs. Il s’agit de la méthode naturelle la plus efficace si elle est apprise adéquatement et appliquée rigoureusement.
- La méthode de l’allaitement maternel et de l’aménorrhée (MAMA) : l’allaitement exclusif pendant les 6 premiers mois après la naissance, sans retour des règles et à certaines conditions, permet de retarder le retour des cycles. Le risque de grossesse théorique se situe entre 0,2%3 et 1,5%4 selon les études et le pays. Ce risque atteint 2%1 en usage courant si les règles de la méthode ne sont pas suivies à la lettre. Les personnes qui apprennent la MAMA en autodidactes, plutôt qu’avec des enseignant.es accrédité.es, sont plus à risque de faire des erreurs. Il s’agit d’une méthode naturelle efficace si elle est apprise adéquatement et appliquée rigoureusement.
Tableau des risques de grossesse non planifiée selon la méthode naturelle utilisée
Méthode de contraception naturelle | Risque de grossesse non planifiée en usage parfait | Risque de grossesse non planifiée en usage courant |
La méthode du calendrier (ou méthode Ogino-Knaus) Méthode désuète mais encore utilisée aujourd’hui à l’aide d’appareils électroniques. | Non connu | 15% |
Le coït interrompu (ou méthode du retrait) | 4% | 20% |
La méthode des températures (sans les autres signes hormonaux)Méthode désuète très utilisée dans le passé. | Sans phase d’infertilité préovulatoire : 1,2/100 années-femme*Avec phase d’infertilité préovulatoire : 5/100 années-femme* | 6 à 19/100 années-femme* |
La méthode de la glaire cervicale (ou méthode Billings) | 3% | 23% |
La méthode symptothermique (ou symptothermie) | 0,4% | 2% |
La méthode de l’allaitement maternel et de l’aménorrhée (MAMA) | Entre 0,2% et 1,5% | 2% |
Informations complémentaires importantes pour faire un choix éclairé:
Méthodes naturelles et méthodes barrières
Bien que les méthodes barrières ne soient pas classées dans la catégorie des méthodes naturelles, il est important de rappeler qu’il s’agit de méthodes efficaces pour se protéger des infections sexuellement transmissibles. Pour le condom externe (masculin), par exemple, le risque de grossesse en usage parfait est estimé à 2%1. Cependant, un manque d’adhésion à cette méthode chez l’un des partenaires, des défauts lors de l’utilisation comme le déchirement ou le glissement, fait progresser ce risque à 13%1 en usage courant.
Pour les personnes qui combinent l’utilisation d’une méthode naturelle avec une méthode barrière5, le risque de grossesse serait plus grand car il semble qu’une moindre attention soit accordée aux signes subtils de fertilité quand la confiance est divisée entre deux méthodes6.
Méthodes naturelles et applications mobiles
Les applications mobiles avec des fonctions prédictives comportent des risques importants de grossesses non planifiées. Qu’elles soient basées sur la méthode du calendrier, comme Clue (risque de 8%1) ou avec addition de la température basale comme Natural cycles (risque de 7%1), aucune intelligence technologique ne peut prédire un cycle encore plus court, encore plus long ou perturbé par des dérangements exceptionnels.
Il existe des applications basées sur la méthode symptothermique qui permettent de noter les observations des signes de variation hormonale (glaire cervicale, température et col utérin) sans utiliser les fonctionnalités prédictives. Leur efficacité dépend alors de la qualité de l’enseignement précédemment reçu et de la pertinence de l’interface mobile qui doit permettre aux personnes de sauvegarder leurs observations, interpréter leurs graphiques et partager l’interface avec leur partenaire de manière efficace.
Méthodes naturelles et appareils technologiques
Il existe des appareils identifiant dans l’urine l’augmentation préovulatoire des oestrogènes en plus du pic de la LH. Le pic de LH signale de façon limitée la phase ovulatoire utile pour la recherche de grossesse. L’augmentation du taux d’oestrogènes permet d’identifier le début de la fenêtre de fertilité pour les personnes qui souhaitent éviter la grossesse.
Le marché offre également différents appareils connectés de mesure de la température basale : bracelet, bague, ovule, montre, etc.
Il n’existe pas d’étude scientifique indépendante mesurant leur efficacité pour le moment.
Les choix naturels les plus efficaces
La méthode symptothermique est la plus efficace des méthodes naturelles, y compris en cas de cycles irréguliers et de préménopause. Lorsqu’elle est bien enseignée, bien comprise et appliquée constamment selon les règles, l’efficacité de cette méthode est comparable à celle de la pilule et du stérilet hormonal1. Elle est supérieure à celle du condom, du stérilet de cuivre, du diaphragme et des spermicides1. En période d’allaitement, la MAMA est une méthode efficace si ses règles sont bien respectées. Suite à un enseignement compétent, avec la collaboration des deux membres du couple et un suivi approprié, il est possible d’être autonome et de prendre sa fertilité en charge de façon naturelle et efficace tout au long de sa vie fertile.
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Notes :
Les résultats des études d’efficacité en contraception expriment le risque de grossesses non planifiées en pourcentage. Il n’est pas rigoureux de soustraire ce taux (ex : 4%) de 100% pour dire qu’il s’agit de l’efficacité de la méthode (96% dans le même exemple) car des cas où la grossesse n’est pas survenue peuvent être expliqués par d’autres facteurs que la méthode : maladie, subfertilité, rapports sexuels peu fréquents, etc.
*Années-femme : il s’agit d’une ancienne méthode de calcul du risque de grossesse. Afin de permettre la comparaison entre les résultats de différentes études d’efficacité, le nombre de grossesses non planifiées par rapport à la durée d’utilisation était ramenée au nombre de grossesses non planifiées comme si 100 femmes avaient utilisé la méthode pendant un an.
Sources :
1. BRADLEY, Sarah E.K, Chelsea D.POLIS, Elizabeth A. MICKS et al. “Effectiveness, Safety, and Comparative Side Effects” dans Cason P, Cwiak C, Edelment A, et al. Contraceptive Technology. 22nd edition. Burlington, Contraception Technology Communications IMC, 2025.
Note : mis à jour régulièrement, ce livre adressé aux professionnels de la santé est une autorité internationale en contraception.
2. MARSHALL, J.A, Field Trial of the Basal-Body-Temperature Method Regulating Births. The Lancet. 1968, July 6:8-10.
3. WADE, K. B., F. SEVILLA et Myriam H. LABBOK. «Integrating the lactation amenorrhea method into a family planning program in Ecuador», Studies in Family Planning, 1994, 25, 3: 162-175.
4. LABBOK, Myriam H., Virginia HIGHT-LAUKARAN, Anne E. PETERSON et al. «Multicenter study of the Lactational Amenorrhea Method: I Efficacy, duration and implications for clinical applications», Contraception, 1997, 55: 327-346.
5. RICE, Frank, Claude A. LANCTOT et Consuelo GARCIA-DEVESA. «Effectiveness of the sympto-thermal method of natural family planning: an international study», International Journal of Fertility, 1981, 26, 3: 222-230.
6. FRANK-HERRMANN, Petra, J. HEIL, Christian GNOTH et al. «The effectiveness of a fertility awareness based method to avoid pregnancy in relation to a couple’s sexual behaviour during the fertile time: a prospective longitudinal study», Human Reproduction, 2007, 22, 5: 1310-1319.
Mis à jour le 16-04-2025
Document mis à jour le 27-03-2025, rédigé par Perrine Austruy, révisé par Dre Suzanne Parenteau et approuvé par le comité Science et Santé de Seréna Québec.